Conférence finale

« Pour une fonction RH inspirante : Quand les DRH se réapproprient le digital… »

C’est ainsi qu’a été nommée la conférence qui a clôturé la journée des RH Hackent le Digital. Celle-ci regroupait pour l’occasion Michel Barabel de l’IAE Gustave Eiffel, Nicolas Fabrykant du groupe L’Oréal, Pascal Bernard du Groupe La Poste, Jérôme Savy de ATT et Raphëlle Berthelon Déléguée Nationale à la CGC CFE.

Cette conférence a fait son entrée avec une question que chacun peut se poser à l’heure d’une digitalisation toujours plus présente : « Suis-je plutôt technophile, technophobe ou agnostique vis-à-vis de l’utilisation des technologies dans le cadre de mon travail ? ». Cette question appelant au débat a permis de faire réfléchir intervenants et spectateurs sur les enjeux RH liées aux nouvelles technologies.

Quel sera ou quel est déjà l’impact des technologies sur le périmètre de la fonction RH ?

Cette question en pose d’autres quant à savoir s’il y aura de nouvelles fonctions, de nouveaux rôles, liés à cette digitalisation.

En effet, est-ce une nécessité pour vivre aujourd’hui avec son temps, ou faut-il s’en méfier ? Jérôme Savy suggère d’en faire une utilisation à bon escient. Nicolas Fabrykant évoque par ailleurs les transformations du métier RH avec des postes de culture mixtes liés par l’utilisation des data, ou encore la fonction RH réorganisée et orientée vers le client interne.

Au cours des années, nous avons vu de nombreux métiers disparaître, de l’allumeur de réverbères au poinçonneur de tickets. Dès lors, pourrait-on envisager qu’il s’agisse d’un avenir possible pour la fonction RH face à son automatisation ?  Les entreprises sont-elles prêtes pour de tels changements ?

Quels sont les arguments de la fonction RH face à une telle menace ?

Nicolas Fabrykant nous donne un premier argument en replaçant la fonction RH telle qu’elle est conçue chez L’Oréal : une fonction présente pour chercher le talent et le développer grâce à une politique d’agilité et de mobilité constante.

Un autre facteur évoqué est la capacité d’exploitation des dashboards et data issus des nouveaux outils. Les RH ont et doivent avoir un rôle stratégique, une machine ne pouvant leur enlever ce périmètre d’action. Ils sont aussi là pour aider à développer les outils qui leur permettront demain de se dédicacer uniquement aux aspects stratégiques que la machine ne saurait traiter.

On pourrait alors visualiser une refonte de la fonction RH avec une diminution voire même une disparition des métiers opérationnels et transactionnels qui deviendraient informatisés ; et d’un autre côté une forte augmentation de fonctions stratégiques et relationnelles. A cela Pascal Bernard ajoute que si des activités transactionnelles peuvent laisser la place à du temps pour d’autres activités sans pour autant détruire l’emploi, il peut s’agir d’un facteur de bonheur au travail pour les employés qui se voient revalorisés à des dimensions stratégiques.

Les RH deviendraient dès lors des acteurs de l’accompagnement au changement pour toutes les autres fonctions qui se voient elles aussi transformées. Les nouvelles technologies ont remodelé les fonctions au cours des années et c’est à la fonction RH de gérer les emplois de l’entreprise. Qu’en-est-il de ceux amenés à disparaitre ou imposant de tels changements qu’ils provoqueraient des licenciements. La fonction RH s’entend aussi par sa capacité à conserver la dimension stratégique liée à la compétitivité de l’entreprise et aux besoins humains qu’elle nécessite. La GPEC est notamment un élément qui va permettre de définir les mesures d’accompagnement à effectuer en anticipant la transformation des emplois. Les outils de recrutement technologiques permettraient aussi de leur coté de venir en réponse au besoin de recrutement de collaborateurs en ne se basant que sur les seuls compétences des candidats.

Qu’attend-on du RH aujourd’hui ?

Les échanges ont permis de faire naître l’idée de la transformation de la fonction d’un modèle de gestion de stock vers un modèle d’affaires. A cela deux visions s’opposent pour le futur des RH : une vision optimiste  et une vision pessimiste quant aux possibilités d’adaptation de la fonction.

D’une part, la vision pessimiste ramène à l’idée que la fonction tend à disparaitre au profit d’autres services tels que la direction juridique ou bien la DSI qui verraient de leurs côtés leurs fonctions s’étendre aux domaines jusque-là réservés aux RH.

D’autre part, la vision optimiste nous permet de visualiser la fonction RH comme un garant de l’accompagnement de l’humain de l’entreprise. Celle-ci ne serait donc plus une fonction support mais une fonction d’impulsion.

Dès lors, on peut s’interroger sur la comparaison avec d’autres pays comme avec le modèle des USA où les RH sont centrées sur la politique et les outils, laissant l’accompagnement au management de proximité. De plus, les RH sont aujourd’hui attendues sur la gestion des talents qui est centrée sur les données mais pour laquelle on attend qu’ils aient la latitude d’action nécessaire pour les talent reviews et plans de succession à un niveau centralisé.

La vision optimiste repose aussi sur une réévaluation du poids que peut prendre la fonction RH dans l’entreprise notamment auprès du COMEX et du CODIR en réponse à des changements de stratégie et de diversification. Pour cela, il parait nécessaire de s’emparer de la RSE et de l’excellence opérationnelle au niveau de la gestion de collaborateurs car on attend des RH qu’elles impulsent l’engagement des collaborateurs.

Les nouveaux outils comme ceux présentés tout au long de la journée sont ainsi des moyens de promouvoir une fonction RH toujours plus proche des attentes des collaborateurs et des entreprises permettant ainsi de garantir l’avenir des RH. Il est donc indispensable à la communauté managériale et RH de pratiquer une veille récurrente sur le digital.

Les différents éléments abordés au cours de la conférence ont permis de faire naître dans l’audience  d’autres questions : Quelle sera la réaction des professionnels RH concernés par de tels changements ? Ont-ils tous la capacité de s’adapter ? Toutes les entreprises seront-elles égales face à l’appréhension de ces nouvelles technologies ?

A cela, seul le futur nous permettra de fournir plus de réponses.

Posted on: 20 juin 2018, by : M2 GRH Multinationales