L’économie en Finlande, rapport à l’innovation, au risque et aux start-up

shutterstock_2545847171-940x509Chiffres clés

La Finlande est entrée dans l’Union Européenne en 1995, et a adopté l’Euro en tant qu’unité monétaire le 1er janvier 2002.

Le PIB par habitant en 2014 est de 50 451 €. Le taux d’inflation la même année est de 1,2% et le taux de chômage est à 8,5%.

Tous ces chiffres se trouvent dans la moyenne européenne. Cependant, la Finlande a tout de même été très affectée par les dernières crises économiques, bien que souvent citée en exemple pour ses performances économiques et ses avancées en termes d’innovation. En effet, le taux de chômage ne cesse d’augmenter, l’Etat s’endette année après année, le déficit budgétaire a dépassé́ le seuil de 3% fixé par le Pacte de stabilité́ et de croissance de l’UE… mais une reprise de la croissance est attendue pour 2016.

Les secteurs représentés en Finlande

La Finlande est un pays libéralisé avec un secteur des services prédominant puisqu’il représente plus de 70% du PIB. Il est aussi industrialisé mais a subi une forte contraction pendant la crise financière mondiale. La production industrielle a baissé́ d’un cinquième en raison de la chute des exportations, qui a coïncidé́ avec la perte de part de marché pour Nokia, la plus grande compagnie finlandaise. L’industrie la plus représentée est l’industrie forestière : la Finlande exporte une gamme riche de produits allant des simples dérivés du bois aux étiquettes et labels de haute technologie, en passant par les papiers, cartons, emballages etc. Les autres secteurs industriels clés sont la métallurgie, la mécanique et l’électronique.

L’agriculture représente moins de 3% du PIB finlandais et emploie environ 4% de la population. Ceci est dû à un climat très rude en hiver. La production céréalière domine, largement devant la production laitière et l’élevage.

Le rapport aux start-up et à l’innovation

Evolution des start-up en Finlande

« On connaît le pays surtout pour ses saunas, ses groupes de métal et son Père Noël. Ce que l’on sait moins, c’est que depuis la chute de l’empire Nokia, les jeunes pousses y fourmillent, dans un écosystème fait pour elles. » (Hélène Biélak, Les Echos). Les start-ups se développent là-bas de plus en plus: on dénombre 500 jeunes entreprises high-tech dans la région d’Helsinki.

Cette évolution est apparue depuis le rachat de Nokia par Microsoft en 2013. En effet, la plus grande entreprise finlandaise à rater le coche du digital au moment de l’explosion d’Apple en 2007. Sur 24000 employés, 18000 doivent retrouver un emploi. Nokia lance alors un programme, aidé par l’État, le « Nokia Bridge » afin d’inciter les anciens salariés à se lancer dans l’entrepreneuriat: 400 nouvelles start-up sont créées par des ex-Nokia en 2 ans !

Le domaine favori de ces nouvelles start-up finlandaises reste les jeux vidéo, les plus doués comme Rovio ou Supercell se développent facilement à l’international.

Néanmoins, le pays est aussi connu pour son côté « écolo », les cleantechs sont donc tout aussi nombreuses et innovantes: Moventas utilise la technologie pour baisser les coûts liés à l’énergie, Europress a inventé un système pour trier les déchets.

Le classement établi en 2015 par Grant Thornton classe la Finlande en 4ème position des pays les plus facilitateurs en terme de création d’entreprise, derrière Singapour, Israël et l’Australie (la France n’est pas présente dans ce classement).

Comment créer sa start-up ?

Pour créer sa start-up en Finlande, un startupper passera quasi automatiquement par l’agence gouvernementale dédiée à la création d’entreprise, TEKES, qui octroie des prêts et des subventions depuis plus de 30 ans. Les start-up prometteuses, dont le business plan est validé, peuvent ainsi recevoir 1,5 millions d’euros en moyenne pour les aider.

Aujourd’hui, Tekes aide environ 700 nouveaux projets, avec un budget de 700 millions d’euros annuel. Le but est d’accélérer l’innovation en Finlande et de donner envie aux étrangers de venir y développer leur entreprise.

La grande différence avec la France est que le slogan « try quick fail quick » est roi: l’échec n’y est pas mal vu. L’expérience d’entrepreneuriat est toujours valorisée sur un CV.

Environ 5 à 10% des start-up aidées par Tekes font faillites chaque année. De mêmes, dès le collège ou le lycée, les étudiants sont incités par le système éducatif à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Tekes n’est cependant pas le seul organisme à guider et aider les jeunes entrepreneurs. En 2010, de jeunes finnois reviennent des États-Unis avec pour idée d’organiser « l’été des start-up » afin de défendre l’idée selon laquelle l’avenir réside dans les nouvelles entreprises innovantes, et non pas dans « les vieux mastodontes de l’économie ». Aujourd’hui appelée « Start-up Sauna », l’entreprise propose des locaux, des voyages à la Silicon Valley ou des formations pour favoriser l’envie d’entreprendre.

Les centres de développement technologique de Finlande

  • Le TEKES. Depuis 1983, le TEKES aide au financement pour la recherche appliquée et technologique. Plus exactement, il met en œuvre les programmes technologiques du Ministère du Commerce et de l’Industrie. Les projets soutenus par le TEKES ont pour mission première d’accroître la compétitivité de la Finlande, et de répondre à certaines exigences définies par le gouvernement, telles que la constitution de réseaux entreprises/universités (lien très fort en Finlande), participation à certains programmes nationaux… 225 personnes œuvrent chaque jour dans cet organisme afin d’assurer le financement (sous forme de prêts et subventions) des projets. Les financements s’adressent principalement aux entreprises finlandaises, aux instituts de recherche nationaux et aux universités. Pour les entreprises, les subventions de R&D couvrent 25 à 50 % des dépenses incluant les salaires, le matériel, les déplacements, les sous-traitants et les brevets. Les prêts en capital peuvent couvrir 35 à 60% des mêmes dépenses, et les prêts financiers 50 à 70 % de ces dépenses. Pour les instituts de recherche et les universités, la subvention couvre 50 à 100% des frais engagés.

Pour donner un ordre d’idée, l’organisme TEKES finance en moyenne 1500 projets chaque année.

  • L’académie de Finlande. C’est un organisme très important en Finlande pour le financement de la R&D. Il dépend pour sa part du Ministère de l’Éducation. L’académie est dirigée par un conseil de 7 membres nommés pour 3 ans. Ils définissent les axes majeurs de la politique scientifique et choisissent d’allouer les fonds dédiés à la recherche à 4 conseils de recherche. Ces conseils sont composés de 10 experts en sciences, préalablement nommés par le gouvernement (le conseil de recherche Sciences de la vie et environnement, le conseil de recherche culture et société, le conseil de recherche sciences naturelles et ingénierie et enfin le conseil de recherche santé).

L’organisme dispose d’un budget annuel, dont 82% est alloué aux universités, sous forme de subventions et de financement de postes de recherche, qui représentent environ 3000 postes par an.

Le développement numérique de la Finlande

La Finlande a œuvré pour se développer comme une société de l’information équitable pour tous : l’accès aux services numériques, sans distinction de domicile, ni de revenus. La numérisation et le développement des NTIC en Finlande sont des vecteurs essentiels pour son évolution et sa productivité. Tout se développement est en marche depuis 2011 grâce au rapport gouvernemental intitulé « La Finlande productive et innovante – programme numérique pour les années 2011 – 2020 ». Il définit les objectifs futurs pour le développement de la société numérique et de l’information : ouvrir l’accès aux données publiques et veiller à leur utilisation efficace, encourager les services tournés vers l’utilisateur, faire en sorte que les personnes vieillissantes restent des citoyens actifs,  et promouvoir le développement durable en adoptant des technologies nouvelles.

La Finlande facilite aussi les services liés au numérique : le prochain objectif est d’apporter la connexion à 100Mbit (contre 1Mbit actuellement) dans la totalité des foyers et des entreprises.

Grâce à toutes ses nouveautés et à toutes les évolutions à venir, la Finlande peut aujourd’hui se vanter d’être placé  à la 4ème place dans le classement annuel de The Economist Intelligence, parmi les pays les plus avancés dans l’utilisation des TIC à visée économique et sociale.

Infographie des 5 start-up les plus innovantes en Finlande

1/ KIOSKED

  • Fondée en 2010
  • Kiosked est l’un des leaders mondiaux en plate-formes publicitaires qui a pour but de booster les vues et la pertinence des annonces. Comment cela fonctionne-t-il ? Kiosked réutilise les contenus des éditeurs en placements publicitaires ciblés basés sur des données contextuelles et comportementales (Big Data), et offrent en échange des opportunités d’achat comptant. Forbes a récemment choisi Kiosked comme l’une des 5 meilleures start-up finlandaises, et ce pour une bonne raison: ils ont soulevé le 16 février 2015 3,7 millions€ de fonds (ce qui est conséquent pour une si jeune entreprise).
  • Petit mot de Micke Paqvalen (PDG et fondateur de Kiosked): « C’est un honneur d’avoir été choisi comme l’une des start-up les plus prometteuses en Finlande. À l’heure actuelle Kiosked est en croissance rapide et à la fin de l’année dernière, notre entreprise a vraiment commencé à se développer sur le plan mondial, en gagnant les éditeurs clés aux États-Unis, en Europe et en Asie du Sud Est ».

2/ ENEVO

  • Fondée en 2010
  • Merveilleusement bien surnommé « Internet de merde », Enevo est l’un des principaux fournisseurs de capteurs intelligents et de solution d’optimisation de la logistique de gestion des déchets (d’où le surnom). Ils aident les entreprises de gestion des déchets et les organismes publics à fonctionner de manière plus efficace, y compris pour les opérations de recyclage. Enevo est reconnu comme une solution de ville intelligente et innovante qui optimise la collecte des déchets en utilisant son réseau de petits capteurs sans fil pour mesurer le niveau de remplissage et de prévoir les dates auxquelles les camions-poubelles doivent passer. Avec ces plans de collecte intelligente, les clients Enevo ont fait des économies de 50% en moyenne !

3/ BOOMLAGOON

  • Fondée en 2012
  • C’est une start-up spécialisée dans les jeux mobiles, sur IPhone, Android et tablettes. Leur but est de développer un certain nombre de jeux addictifs avec des personnages populaires. Apple a classé leur premier jeu Monsu comme l’un des meilleurs jeux de 2014 sur l’AppStore.

4/ VALKEE

  • Fondée en 2007
  • Basé sur la recherche et le développement en collaboration avec l’université d’Oulu (Finlande), Valkee introduit le premier masque de lumière firstbright au monde, en 2010. Il se présente comme un masque que vous insérez dans vos oreilles, qui envoie de la lumière à votre cerveau et peut être chargé avec un câble USB. Ils recommandent l’utilisation quotidienne pendant 12 minutes dans les deux premières heures qui suivent le réveil. Ce masque est dédié à éradiquer les dépressions saisonnières, fréquentes dans le pays à cause de la baisse de luminosité en hiver.

5/ MENDOR

  • Fondée en 2006
  • Mendor est une petite boîte dédiée aux diabétiques: plutôt que de transporter bandelettes, piqûres et la machine pour tester son taux de sucre. Marcus Watermark (diabétique de type 1), a expliqué à quel point la « box » était facilitatrice de vie pour les diabétiques. En effet, tous les outils quotidiens nécessaires sont réunis dans une petite boîte, reliée au Cloud. Plus besoin d’aller chez le médecin avec tous ses résultats: le médecin reçoit directement sur son ordinateur, en temps réel, tous les taux de sucre dans le sang de ses patients.
Posted on: 30 mai 2016, by : M2 GRH Multinationales